Les troubles bipolaires – Qu’est-ce que c’est ?
Le trouble bipolaire, anciennement “folie circulaire” ou encore “psychose maniaco- dépressive” est une pathologie psychiatrique chronique et évolutive appartenant au registre des troubles de l’humeur. Il est fréquent puisqu’il touche 1 à 4 % de la population française (soit plus de 1 000 000 de personnes en France).
Le trouble bipolaire est d’origine multifactorielle, mêlant des facteurs de risques génétiques et environnementaux (stress, trauma, toxiques…).
Ce trouble se caractérise par des variations de l’humeur et du niveau d’énergie et son évolution est émaillée par la survenue d’épisodes thymiques de deux polarités différentes : les épisodes maniaques et hypomaniaques d’une part, et les épisodes dépressifs d’autre part. Ces différents épisodes sont plus ou moins entrecoupés de périodes plus ou moins longues asymptomatiques (sans symptômes) ou associées à la persistance de symptômes résiduels.
Les épisodes dépressifs dominent souvent le cours évolutif de ce trouble et sont potentiellement associés à un retentissement sur le fonctionnement du quotidien et la qualité de vie. Ainsi, d’après l’Organisation Mondiale de la Santé, les troubles bipolaires sont une des premières causes de handicap dans le monde.
Quels sont les symptômes ?
La manie et l’hypomanie
Les épisodes hypomaniaques et maniaques correspondent à des périodes nettement délimitées (plusieurs jours à plusieurs semaines) d’élévation de l’humeur, de façon expansive ou irritable, et d’augmentation de l’activité ou de l’énergie.
Ces deux types d’épisodes diffèrent essentiellement par leur intensité.
En effet, les épisodes hypomaniaques sont plus tempérés dans leur expression symptomatique, et ne constituent pas un motif d’hospitalisation. Par ailleurs, l’hypomanie est difficilement constatée par les patients concernés et sont souvent vécus comme des périodes bénéfiques de leur vie. Le changement avec le fonctionnement habituel est le plus souvent constaté par l’entourage.
A l’inverse, les épisodes de manie, compte tenu de leur sévérité, peuvent nécessiter le recours à une hospitalisation et sont associer dans 50% des cas à la présence de symptômes psychotiques (délire mégalomaniaque par exemple).
Les principaux symptômes
Humeur exaltée, euphorique ou irritabilité
Augmentation de l’énergie, hyperactivité
Augmentation de l’estime de soi, idée de grandeur
Accélération du cours de la pensée (accélération ou fuite des idées)
Augmentation du débit de parole (logorrhée)
Parfois désinhibitionDistractibilité avec difficultés d’attention et de concentration (par exemple pour lire ou regarder la télévision)
Réduction du sommeil sans fatigue
Modification de l’appétit avec perte de poids
Parfois hypersexualité
La dépression
La dépression correspond à une période délimitée (plusieurs semaines) de fléchissement de l’humeur avec tristesse de l’humeur et réduction de l’énergie.
Cet état induit une souffrance significative et une altération dans le fonctionnement du quotidien.
Les principaux symptômes
Humeur triste
Diminution marquée du plaisir pour toutes ou presque les activités habituelles
Fatigue ou perte d’énergie
Idées de culpabilité, de dévalorisation voir d’incurabilité
Ralentissement du cours de la pensée (ralentissement des idées), ruminations
Lenteur du discours
Indécision, difficultés d’attention, de concentration et de la mémoire
Insomnie ou hypersomnie
Le plus souvent, perte de l’appétit et du poids
Pensées de mort (idées de mort, idées suicidaires)
Il n’y a à ce jour pas de symptômes permettant de distinguer les dépressions bipolaires des autres dépressions dites « unipolaires ». Ainsi, devant tout épisode dépressif, il est important de rechercher des éventuels épisodes hypomaniaques qui seraient passés inaperçus.
D’autres part, de manière probabiliste, des facteurs (à considérer dans leur ensemble) peuvent orienter vers une dépression bipolaire. En effet, la dépression bipolaire est plus susceptible d’être associée à :
– Un début plus précoce entre 15 et 25 ans
– Un nombre élevé d’épisodes dépressifs (3 ou plus), de plus courte durée
– Une survenue en période du post-partum
– La présence d’antécédents familiaux de trouble de l’humeur
– Une réponse inadéquate aux antidépresseurs
Quelle est l’évolution des troubles bipolaires ?
L’évolution et le pronostic du trouble bipolaire reposent sur l’existence ou non d’une prise en charge appropriée et sur la précocité de sa mise en œuvre.
Ainsi, avec une prise en charge précoce et adaptée, un patient peut aspirer à une rémission clinique et fonctionnelle lui permettant de maintenir son insertion socio-professionnelle.
A contrario, en l’absence de prise en charge, la trajectoire évolutive du trouble bipolaire est plus sévère et peut être compliquée par l’émergence de pathologies comorbides (troubles anxieux, addictions par exemple), de cycles plus rapides des épisodes, de tentatives de suicide et in fine d’une altération importante de la qualité de vie.
Cela accroît les enjeux autour d’un diagnostic plus précoce permettant la mise en œuvre d’une prise en charge adaptée.
Quels sont les traitements des troubles bipolaires ?
La prise en charge est bio-psycho-sociale c’est-à-dire qu’elle associe le plus souvent une prise en charge médicamenteuse, une psychothérapie, une psychoéducation et si nécessaire un accompagnement social.
Le traitement au long cours permet de réduire le risque de faire un nouvel épisode, de réduire le risque suicidaire et de diminuer significativement le handicap.
Traitement médicamenteux
Les thymorégulateurs ou stabilisateurs de l’humeur sont les traitements de référence des troubles bipolaires (lithium, anticonvulsivants et antipsychotiques de seconde génération).
Le choix du traitement va dépendre du profil clinique de chaque individu (ses antécédents, la prédominance du type d’épisodes dépressifs ou maniaques, ses maladies associées…) ainsi que de ses préférences, de l’efficacité attendue de chaque médicament et du risque d’effets indésirables.
Par exemple,
Les molécules les + efficaces pour prévenir une rechute dépressive (traitements de 1ère intention) sont le lithium (TERALITHE®), la lamotrigine (LAMICTAL®), la quétiapine (XEROQUEL®) ;
Les molécules les + efficaces pour prévenir une rechute maniaque (traitements de 1ère intention) sont le lithium (TERALITHE®), le valproate (DEPAKOTE®), les antipsychotiques tels que l’aripiprazole (ABILIFY®), l’olanzapine (ZYPREXA®), la rispéridone (RISPERDAL®), la quétiapine (XEROQUEL®).
Il existe un délai d’efficacité une fois le traitement débuté. Celui-ci est variable en fonction des thérapeutiques et peut atteindre plusieurs semaines.
La durée totale du traitement médicamenteux n’est pas clairement établie. On considère le plus souvent qu’il est nécessaire pendant de nombreuses années voir à vie.
NB. Il existe aussi des traitements physiques ou de neurostimulation qui peuvent être efficaces et dans certaines situations être envisagés tels que l’electroconvulsivothérapie, la rTMS, la luminothérapie…
Psychothérapies
Les psychothérapies sont toujours indiquées en association au traitement médicamenteux.
A minima, une psychothérapie de soutien est mise en place. En fonction de la préférence du patient et de l’orientation du médecin (par exemple pour la prise en charge de comorbidités anxieuses ou addictives) d’autres psychothérapies peuvent être envisagées.
Les psychothérapies ayant le niveau de preuve le plus élevé sont les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) et les thérapies interpersonnelles.
Psychoéducation et éducation thérapeutique
La Haute Autorité de Santé (HAS) a défini en 2007, deux finalités spécifiques essentielles à l’éducation thérapeutique. Il s’agit d’une part de l’acquisition de compétences d’autosoins, et d’autre part, de la mobilisation ou acquisition de compétences d’adaptation.
Les compétences d’autosoins visent à aider le patient à devenir acteur de sa propre santé en agissant lui-même aussi bien en ce qui concerne l’évaluation de son trouble, que la gestion de son traitement médicamenteux, ou des règles d’hygiène de vie. Les compétences d’adaptation, intègrent quant à elles un degré supplémentaire, d’ordre psychologique, face à la maladie. Il s’agit ainsi d’apprendre à mieux se connaître, de développer une meilleure confiance en soi, d’apprendre à gérer ses émotions ou son stress, ou encore, de développer des compétences en matière de communication ou de relations interpersonnelles… L’éducation thérapeutique devient donc désormais partie intégrante du concept plus récent de rétablissement, prônant tout autant l’épanouissement de l’individu dans son environnement, malgré sa maladie ; que le contrôle acharné de ses symptômes.
Plusieurs programmes de psychoéducation ont été mise en œuvre sur l’ensemble du territoire, le plus souvent en groupe et sur plusieurs séances. Ils restent cependant encore peu nombreux (50ène de programmes actuellement labélisés par les Agences Régionales de Santé). Ils peuvent s’adresser aux patients mais aussi aux aidants ou familles.
Dans ce contexte, le développement d’une application tel que SIMPLe est de favoriser l’accessibilité à une intervention psychoéducative pour les patients (voir programmes de recherche).
Quelques chiffres
Des projets de recherche sont en cours.
Un nombre important d’applications smartphones a été développé dans le domaine de la santé mentale, mais aucune n’a démontré son efficacité dans le trouble bipolaire.
Les projets actuels sont donc une réelle opportunité d’évaluer pour la 1ère fois l’efficacité d’une application permettant de délivrer une psychoéducation personnalisée en comparaison à un programme de psychoéducation en groupe présentiel